vendredi 31 janvier 2014

L'histoire numérique : révolution ou évolution de la discipline ?


L'histoire à l'ère numérique est une nouvelle version de la pratique historienne. Les nouvelles technologies de l'informations et de la communication (TIC) sont au cœur du sujet à travers leurs fonctionnements, utilisations et évolutions. Tout au long de ce billet, j'essayerai de donner mon point de vue que les thématiques que nous avons pu étudié lors de nos séances, notamment en m'interrogeant dans quelles mesures internet révolutionne-t-il l'accès à l'information ? Comment l’historien du XXI exploite t'il celle-ci ? Ou encore, comment se confronte-t-il vis à vis des TIC ?

Internet révolutionne-t-il l'accès à l'information ? Comment l’historien du XXI exploite t'il celle-ci ?

A partir des années 80, l'accès, la diffusion et la création de l'information est révolutionné par l'Internet. Pour reprendre la pensée Vannevar Bush, conseiller scientifique du président Roosevelt et chercheur au MIT, l'information c'est comme la science : elle évolue. C'est une progression et celle-ci se fait en même temps que ses moyen de diffusions : du livre à l'internet en passant par la télévision et la photographie. Dans nos sociétés on peut constater que l'accès à l'information n'est plus un problème, en revanche ce qui ce le devient c'est en l’occurrence cette facilité d'accès : quelles en sont les limites et les contraintes dans le cadre d'une production scientifique ?

L'accès est facilité de nos jours certes, mais en ce qui concerne la numérisation des sources antérieure à la période contemporaine, l'accès reste difficile et chaotique. En effet en 1956, Alain Resnais à travers sa réalisation « Toute la mémoire du monde », introduit la nécessité de trouver de nouveaux moyens de stockage et à la fois diffuser l'information. Le reportage met en évidence le côté massif et quantitatif des livres, manuscrits etc.. qui composent la BNF. Il compare les lieux d'entrepôts à une forteresse. Il est estimé qu'en un siècle, on collecte plus de 3 millions d'ouvrages. De plus que la numérisation des sources a également un double enjeu, en effet, celui d'immortaliser des documents amener à se détériorer de par leurs compositions.
Dès les années 60, les historiens veulent donner un nouvel aspect à leur profession par l'utilisation des ordinateurs. William G.Thomas explique dans son article comment l'ordinateur a affecté la discipline mais aussi son enseignement. Le traitement de données devient plus quantitatif mais aussi plus rapide. Une seconde révoltion s'est faite avec Internet, cette fois ce n'est pas la productivité qui est marquante mais la rapidité et l'accès à la diffusion de l'information à travers les hypertextes comme cela est illustré dans les vidéos : The Machine is Us/ing Us, Information R/evolution.
Internet est un usage commun de nos jours mais il a fallut aux scientifiques un temps d'adaptation. Une raison qui peut expliquer la prise de conscience tardive de diffuser les documents sous format numérique.
Cependant, William G.Thomas, soulignent qu'il n'y a pas eu un consensus commun de la part de tout les historiens, pour certains le numérique représente une sur-quantité d'informations et par conséquent que ces dernières soient biaisées.
En effet, l'information est devenue incontrôlable. Chacun peut se prétendre être un historien publique qui sans formation ne possède pas la vision objective du scientifique. Différentes plateformes, comme Wikipedia ont vu le jour. Le contenu est enrichi bénévolement par les membres inscrits. Une question se pose alors : devons-nous prendre en considération ces informations ?
Il n'est pas aisé de répondre non à cette question. En effet, ces données sont basées sur des sources, des travaux antérieurs et parfois réalisés par des étudiants. Bien que la question de la légitimité des ces plateformes est nécessaire, elle n'est pas prioritaire.
L'accès à l'information évolue, elle devient payante en ligne. Alors que les sites internet privés peuvent se financer à travers des publicités et rendent gratuit l'accès, le contenu scientifique reste exhaustif jusqu'à ce qu'un lecteur décide d'en reprendre les données et de les exporter vers une plateforme en ligne accessible à tous.

Confrontations des historiens aux TIC (technologies de l'information et de la communication)

On est amené à se demander s'il on recherche l'information ou la connaissance (comme dans un programme scolaire). C'est une problématique que se pose Thomas Mann dans "The Peloponnesian War and the Future of Reference, Cataloguing, and Scholarship in Research Libraries".
C'est ici qu'intervient le questionnement, la critique et le défi de la pratique de l'historien vis à vis du désenclavement et de la démocratisation de l'histoire scientifique.
L'histoire numérique se défini comme une nouvelle démarche pour examiner et représenter le passé a travers les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Nous sommes dans une phase transitoire où deux générations d'historiens co-existe au point de remettre en considération les méthodes actuelles. Claire Lemercier, historienne économique réputée, nous témoigne que depuis ses études à aujourd'hui que ses méthodes de travail ont changés. Elle estime que Zotero est de nos jours une « révolution » mais l'outil va bientôt fêter sa première décennie. De plus, dans son interviewle choc entre les deux générations est évident car elle parle d'une vague d'historiens « geeks » en devenir. Non, un geek est un passionné des nouvelles technologies et du multimédia, cela n'inclus le fait de savoir se servir des nouvelles technologies d'informations et de communication.
Il ne s'agit pas d'une révolution, mais plutôt d'un nouveau genre de pratique scientifique. Avec la vulgarisation de la discipline, il est difficile pour l'historien numérique de valoriser ses travaux en ligne sur le plan de la légitimité mais encore de les protéger.
L'histoire numérique doit être vu comme un changement : les barrières tombent il n'y a plus de propriété du savoir, la confusion entre mémoire et histoire s'accentue. L'historien perd sa position d'autorité unique.
Il y a une évolution des modes de communications entre chercheurs, au de là des emails, il existe des forums en ligne. C'est un outil qui permet de poser des questions de manières asynchrones, ce qui rend possible de les résoudre à travers un collectif de personnes. Les forums disposent eux-même d'outils de recherche permettant de trouver des informations par mots-clés et contourner ainsi de contourner les offres commerciales des moteurs de recherche comme google.

Il se pose aussi la question de authenticité des documents car d'une version à une autre, ils ont pu être altéré ce qui nécessite une veille scientifique plus minutieuse. Comment rechercher l'information ?
Il y a une part de découverte, on commence avec une numérisation de masse (par exemple le projet « googling the victorian ») et ensuite on utilise un moteur de recherche pour trouver l'information via internet. Il faut garder à l'esprit que l'on risque de s'affranchir un texte, un ouvrage et de lire par échantillon. La veille scientifique se passe alors bien plus devant un écran que devant un livre. On change de support. Néanmoins, une part de pénombre existe, en effet, il est aujourd'hui impossible de tout numériser : la principale raison en étant le coût. Persée, revue scientifique numérisée, dispose à la fois d'un vaste contenu mais en même temps limité : droits de publication pour la période contemporaine par exemple.
Pour Patrick Leary, consulter une source numérique signifie s'intéresser à son degré de profondeur dans une logique de lecture booléenne ou une autre. Pour les néophytes, c'est à dire qu'il ne faut se familiariser avec le sujet, par exemple, on trouve des résultats différents pour les mots corsaires et négociant-armateurs qui sont pourtant un sujet commun. Il arrive que la recherche par mots clés ne soient pas pertinente en raison des différentes forment de la recherche qui peut être trompeuse.
Pour Thomas Mann, les moteurs de recherche ne sont pas conçus pour faire de la « recherche de la connaissance » mais de trouver un objectif. Àpartir d'un sujet, on peut obtenir plusieurs résultats distincts basés sur l'indexation, la probabilité et la récurrence du sujet dans une pages : une quantité importante d'informations et rapide : 26 secondes en moyennes pour 1 million de résultats. Comment traite-t-on une information comme celle la ? Qui nous dit que la bonne information est au haut de la liste des choix et non en milieu de page ? Le moteur trouve ce qui est lié : notion de lien et de contexte. Il y a néanmoins une alternative avec ces outils on peut interagir manuellement avec les choix proposés afin d'affiner nous même la recherche.
De nos jours nous sommes confrontés à un flux massif de l'information et cette surcharge conduit à l'étouffement, un manque de prise de distance et lecture en profondeur. Des essais sont en cours afin d'adapter les moteurs de recherche aux métiers des historiens comme Isidore : moteur de recherche français pour les sciences sociales le but étant de trouver une information plus pertinente que en quantité. Ou encore H-BOT qui répond aux questions simples qui lui sont demandées mais il a des limites : il ne peut répondre aux questions avec « qui est-ce qui? ». Ce dernier est basé sur une méthode d’échantillonnage.
Nous avons parler de l'utilisation des données et de l'accès à l'information mais quant-est-il des droits d'auteur ? Pour Roy Rosenzweig, historien à la fois utilisateur et producteur, qui est confronter à cette question, il n'y a pas de protection même du contenu scientifique car le fair usedes américains (utilisation de cherche dans le but de faire avancer les siennes par exemple), n'existe pas en droit européen.
Pouvons-nous faire de l'histoire sérieusement sur Internet ? Pour Carl Smith, c'est possible à condition d'être reconnu par ses pairs, de disposer d'une argumentation clair avec un travail original qui est à la fois responsable et basé sur une historiographie pertinente. A l'inverse pour Edward L. Ayers, il faut que cette production scientifique soit encadré. Encore une fois, il y a pas de consensus des historiens sur la question.


Pour conclure, l'Histoire en tant que discipline scientifique ne sera jamais une science fondée sur les moteurs de recherches mais ceux-ci en sont dès aujourd'hui un usage systématique. Néanmoins, ce ne sont pas tous les historiens qui sont prêts à s'intéresser aux outils moderne qui pourraient facilité leurs travail de recherche, principalement basé sur des apriori ou encore par un purisme du papier et du crayon. Aujourd'hui, il faut attendre que la nouvelle génération d'historien fasse preuve des nouvelles méthodes et nouveaux outils afin que ceux ci soient généralisés. Par conséquent on peut supposer que d'ici une décennie, le numérique aura fait progresser la recherche scientifique en histoire.

L’historien face au numérique : d’une découverte progressive à une adaptation nécessaire et utile (Bilan final)


Depuis quelques années et le développement d’internet, les technologies numériques sont de plus en plus utilisées (y compris bien sûr par moi) dans le cadre d’une recherche scientifique quelle soit historique ou non. En effet, depuis un vingtaine d’années, les acteurs sociaux produisent de plus en plus d’informations numériques. Créant ainsi un environnement numérique de plus en plus important : les «  digital humanities ». Bien que j’utilisais déjà un peu l’informatique et les technologies numériques dans ma propre recherche scientifique, ce séminaire m’a permis de mieux comprendre l’utilité et les enjeux liés à cette utilisation.

  La question du numérique est quand même assez complexe et met en place plusieurs enjeux que nous avons vus, explorés et discutés tout au long du séminaire.
Il y a évidemment l’interrogation de la préservation et de la conservation qui est un véritable enjeu, de l’avenir physique des bibliothèques, de l’espace. Comment traiter physiquement le papier grâce au numérique ? Comment mieux trouver l’information.
Développement d’un accès de plus en plus libre à l’information par le numérique mais qui peut se révéler être en quelque sorte une illusion. En effet, cet accès libre entraîne des inégalités avec notamment une plus importante gratuité pour les étudiants que pour le grand public. 
On peut aussi donc simplement se demander : pourquoi et à quoi sert vraiment le numérique ?
Le numérique peut notamment nous permettre de découvrir, de trouver des informations auxquelles on n’aurait certainement pas pensé sans. Également, grâce au numérique, le chercheur se retrouve moins isolé et moins passif. Développement plus important d’un travail collaboratif (à deux ou à plusieurs). La communication devient de plus en plus multimodale avec les réseaux sociaux et cela est progressivement intégré au processus de recherche.
Tout cela entraine une sorte de démocratisation voir de désenclavement de l’histoire avec une participation plus importante de l’historien qui devient acteur. Cependant, il faut faire très attention aux risques de noyade dans l’immensité de l’information numérique.
D’autres questions sont soulevées sur le fait notamment de savoir si le numérique est un simple genre ou une vraie révolution.
On voit, en tout cas, de plus en plus de relations entre les trois acteurs principaux au cœur de la question du numérique. Les historiens se mettent maintenant directement à créer des informations numériques. Les bibliothèques également qui détiennent la documentation analogique veulent mettre en place des politiques de numérisation. Enfin un dernier acteur qui peut éventuellement être le public (exemple de la bibliothèque du Congrès qui numérise tous les tweets).  
La notion de support pour la conservation est aussi essentielle car les documents numériques ont besoin de serveurs qui ne sont bien sûr pas gratuits. On peut dire aussi que potentiellement il est possible de tout conserver et de tout numériser
On peut évoquer aussi la manière nouvelle dont on cherche l’information numérique (moteurs de recherche, recherche pertinente par mots-clés). Nécessité de faire attention au caractère massif des articles et des ressources que l’on peut trouver en ligne. Mais également, dans un dernier temps, on constate la question des documents en Open source et des nombreux débats autour des droits d’auteur et du Copyright pour protéger le travail d’un individu et sa propriété intellectuelle. Mais aussi, et c’est un autre problème qui est quand même lié, la volonté pour les sociétés commerciales de garder un certain monopole. L’historien devient ainsi un utilisateur de cela tout en étant également un producteur.
Tous ces questionnements et ces argumentations sont à prendre en compte lorsque que l’on s’intéresse aux humanités numériques et c’est ce que je suis parvenu à assimiler tout au long du séminaire.

  De son coté, le mode de fonctionnement du séminaire s’est révélé pour moi très intéressant avec la création de son propre blog pour faire partager son travail et ses billets à un grand nombre de personnes en plus des participants à ce séminaire. Il était possible également par ce biais de suivre les publications et les travaux des autres participants pour s’en inspirer, les critiquer ou pour se placer intellectuellement en rapport à eux. J’avais déjà utilisé et publier sur un blog de ce style mais je n’avais encore jamais crée et alimenté mon propre blog. J’ai trouvé assez intéressant voir amusant de mettre en place le blog dont on a envie que ce soit au niveau du design (couleur, organisation générale, disposition et agencement des signets) mais aussi au niveau des publications. Des publications certes en rapport au séminaire, à l’histoire numérique et aux outils liés mais qui permettait je trouve une assez grande liberté de manœuvre.
On peut également évoquer la mise en place d’un travail encore plus collaboratif avec un compte Twitter. Ceci a été adopté pour informer ceux qui nous suivent de nos publications ainsi que pour faire partager les sites ou encore les publications extérieurs que l’on a trouvé et qui peuvent se révéler utiles. L’utilisation du Hashtag (Histnum) a rendu plus facile l’accès aux tweets en les affichant directement sur le blog du séminaire ce qui évite de se rendre à chaque fois sur Twitter pour consulter les tweets en rapport avec ce cours.

  L’autre grand apport de ce séminaire, qui fut dans l’ensemble assez nouveau et indispensable pour moi, est la découverte de tous ces outils en ligne.
Le test de ces nombreux outils a permis d’abord évidemment de les découvrir alors que pour la plupart d’entre eux je ne les connaissait pas. Une fois cette découverte effectuée, il était ainsi possible de constater ceux qui pour nous se révèlent les plus pertinents ou intéressants mais surtout ceux qui nous paraissent les plus adaptés et que l’on peut s’approprier dans notre propre recherche.  
Je ne vais pas dans ce billet revenir sur tous les outils découverts, testés, utilisés mais je vais cependant ressortir quelques outils intéressants et qui sont essentiels à mes yeux.
Dans un premier temps, les outils de gestion bibliographique sont ceux qui ont retenus le plus mon attention et qui sont pour moi les plus utiles dans la recherche scientifique.
Au cours du séminaire, j’ai utilisé et mis en avant le site Librarything. C’est une sorte de réseau social et d’outil pour cataloguer des livres. On peut y créer son propre catalogue avec les livres pouvant nous intéresser, qu’on a consulté ou que l’on a lu. On peut mettre en commun son catalogue en ligne pour communiquer avec d’autres utilisateurs par différents moyens. On peut rechercher des livres par titres, par auteurs ou encore par mots-clés. On gère ensuite sa bibliothèque tout en consultant éventuellement les critiques sur les livres. Cependant un site qui est limité car il ne gère que les livres donc je pense qu’il est utile également d’utiliser en plus Zotero. Ce dernier est un logiciel plus complet car l’on peut ajouter n’importe quel type de document en cliquant sur l’icône à coté de son adresse. Il est aussi possible de lier les ouvrages entre eux ou encore de prendre des notes sur ces livres. D’autres fonctionnalités utiles comme transformer une référence bibliographique dans le format souhaité et ajouter une note en tant que référence. Mais aussi bien sûr mettre en place un travail plus collaboratif avec la création de groupe pour partager des références bibliographiques. Possibilité également de travail hors ligne en installant l’application Zotero.
Il y a d’autres outils que j’ai plus particulièrement explorés et dont on peut rapidement parlé. Notamment le site de partage et d’annotation sur le Web : Delicious. C’est donc principalement un service gratuit dans le but de sauvegarder puis de partager des liens (grâce à son URL) ou des marque-pages internet qui nous intéressent sur le web et que l’on veut facilement retrouver. Il offre également la possibilité de constituer une collectionde liens et à créer son propre moteur de recherche personnel. L’organisation des liens permet de les trouver rapidement lors d’une recherche. On peut aussi citer les logiciels pour trier l’information comme TagCrowd, les outils de Mind-mapping (bubbl.us, the Brain, XMind…) et les sites Web historiques sur le principe d’hypertexte consultés (entre autres : Los Angeles and the Problem of Urban Historical Knowledge, Hypertext History: Our Online American History Textbook ou encore History Wired: A Few of Our Favorite Things).

  L’analyse et surtout la progressive utilisation des ces outils ont pas mal changé ma manière de fonctionner et de mener ma recherche. J’utilise encore du papier pour prendre des notes notamment lors des cours, je consulte des ouvrages et sources physiques. Cependant, j’ai de plus en plus tendance à rechercher les références numériques ou alors de numérisés certains documents papier pour les avoir disponibles sur mon ordinateur. Également lorsque je prends des notes sur les livres, les sources ou les archives que je consulte ; je prends des notes ou y ajoute des commentaires directement sur mon ordinateur.
Je pense aussi par ailleurs que le numérique rend la recherche plus ludique, plus claire et quand même plus facile. A la condition évidemment d’utiliser une méthode de recherche appropriée pour ne pas se perdre dans la masse d’informations numérique et d’outils disponibles sur le Web.

  En guise de conclusion, je pense faire parti des historiens qui utilise beaucoup internet et les humanités numériques dans leur vie au quotidien car ayant commencé plutôt jeune mais encore assez peu dans leur recherche scientifique et historique. En effet, j’utilise encore des méthodes analogiques et des versions papier. Cependant, je pense que cela va progressivement de plus en plus s’estomper. Je pense être encore dans une importante phase de découverte et d’appropriation de ces techniques tout en commençant à m’adapter à certains mécanismes et outils du numérique. J’espère bien sûr ne pas me perdre dans cette utilisation importante du numérique grâce aux clés de lecture et aux analyses développées au cours du séminaire.
Enfin comme l’évoque Donald Schon, je pense être en train (en quelque sorte) de mener une expérience ou une expérimentation pour découvrir, comprendre, utiliser et s’approprier les techniques mais aussi le fonctionnement du monde du numérique.

lundi 27 janvier 2014

L’historien et le numérique : de l’appropriation à la nécessaire adaptation (billet final)

Bien que l’utilisation des outils numériques s’inscrive de plus en plus naturellement, presque de manière instinctive, dans l’élaboration et la construction de nos travaux, on oublie souvent de s’interroger sur ce que cette appropriation implique dans le cheminement même de notre réflexion. Surtout, et je parlerai ici en mon nom, une tendance au confort et à la paresse de l’acquis s’installant très vite, toute tentative de découverte de nouveaux outils se trouve peu à peu inhibée au point de ne finir par se contenter que de manipulations sommaires. 

Ce séminaire a eu le mérite de briser cette forme de nonchalance intellectuelle en forçant à considérer sous un angle réflexif des mutations auxquelles on ne prête presque plus attention tant elles sont ancrées dans notre quotidien. Evoluant sans cesse entre la pratique numérique en général et notre usage particulier, nos discussions ont permis d’en révéler les bouleversements méthodologiques concrets. Grâce à la recrudescence des données que l’on peut trouver sur Internet, les étapes de recherche, de collecte, de tri et d’exploitation de l’information historique ont considérablement été accélérées et enrichies. Le nouvel enjeu pour l’historien n’est pas tant de trouver des sources mais plutôt d’apprendre à les hiérarchiser dans le flux massif et continu auquel il se trouve confronté. 

La rapide évolution et la multiplication des outils mis à notre disposition obligent également à mener une veille scientifique permanente. Grâce au séminaire qui constitue une sorte de "veille scientifique accélérée", nous avons été amenés à tester l’usage de quelques outils dont certains sont devenus de véritables compagnons de route. Je pense en particulier au logiciel Diigo qui permet d’avoir une prise de notes efficace et ordonnée sur Internet. Un autre outil, découvert peu avant le séminaire, s’est avéré d’une aide assez inattendue. Il s’agit de l’application Evernote dont l’usage a priori assez basique repose sur une prise de notes hiérarchisée et synchronisée sur un serveur, de manière à conserver ses informations et les retrouver sur différents appareils. D’abord un peu dubitative, j’ai commencé à y ajouter les différentes prises de notes antérieures liées à ma thèse. Ce faisant, une thématique en appelant une autre, le regroupement de ces notes éparses m’a conduite à en rechercher et en retrouver certaines dont j’avais même oublié l’existence ! Ainsi, j’ai pu réaliser à quel point une simple application pouvait non seulement faire gagner un temps précieux mais en plus aider à avancer dans sa propre réflexion grâce au rapprochement facilité (notamment par le système des « étiquettes ») entre différents documents. Cet exemple montre à quel point Internet et certains outils numériques peuvent constituer des supports heuristiques susceptibles de faire avancer l’analyse historique vers d’autres directions que celles auxquelles on pouvait s’attendre. Mais ce ne sont là que des atouts minimes dans la palette de ce qu’il nous est permis d’entreprendre. 

Outre cet aspect méthodologique, l’une des facettes primordiales que l’historien tend de plus en plus à s’approprier est celle de la communication numérique. J’avais pu le constater avant même de suivre le séminaire à travers la création d’un blog destiné à servir de carnet de thèse pour communiquer sur mes recherches ou sur des thématiques qui leur sont liées. 
La première vertu de cet exercice est qu’elle force à mettre des mots sur des réflexions encore mal formulées, sa visibilité publique exigeant une certaine rigueur qui va au-delà d’une simple prise de notes ou d’un bref exposé de faits. 
Par ailleurs, les chercheurs travaillant sur l’histoire de Tianjin n’étant pas très nombreux en France, ce blog, dans sa conception même, représentait aussi l’occasion de faire connaître mes recherches et de pouvoir entrer en contact avec une communauté académique. Bien que soupçonnée, cette seconde vertu m’est apparue décuplée puisque j’ai eu la surprise de découvrir l’intérêt d’autres personnes et de voir que ce qui me paraissait un sujet susceptible d’attirer un nombre restreint de spécialistes pouvait au contraire susciter l’attention d’un public plus large (petits-enfants d'individus ayant vécu à Tianjin au temps des concessions étrangères, Alliance française de Tianjin, chercheurs intéressés par l’enseignement français en Chine etc.). Les contacts qui ont pu être établis via mon blog avec une partie d’entre eux ne se sont pas limités à une simple curiosité de leur part ou à des messages d’encouragement. Certains m’ont aidé dans mes recherches et continuent à le faire en me faisant découvrir des articles, sites ou ouvrages liés à Tianjin. Ainsi, cette expérience d’écriture numérique s’avère extrêmement fructueuse dans la mesure où elle constitue un moyen de tisser un véritable réseau qui, non restreint à un public d’universitaires, invite à se décentrer de son point de vue de spécialiste pour embrasser une vision plus large autour de ses thématiques de recherche. 

A cette somme d’atouts, j’opposerais tout de même un inconvénient de taille : le temps. Ce dernier étant particulièrement précieux dans la poursuite d’un doctorat, il est parfois difficile de concilier les recherches et analyses liées à sa thèse avec la rédaction de billets sur son blog. Ceci constitue à mon sens l’un des pièges du numérique auquel il faut prendre garde. Avec le foisonnement d’informations qui existe sur la toile, il me semble que l'historien doit faire attention à ne pas se noyer dans cet amoncellement tentateur. De même, le temps de veille et d'activités liées au numérique telles que l'écriture d'un blog ne doit pas non plus monopoliser celui qui devrait être consacré à la recherche purement historique. Il faut savoir trouver un juste équilibre, certes difficile à maintenir, entre ces deux pans complémentaires que l’on doit tenter d’articuler ensemble. Partir des nécessités de son étude pour y chercher une réponse à travers le numérique constitue une solution possible. 

Elle s’inscrit en tout cas comme l’un des autres enjeux majeurs de l’appropriation numérique en histoire. Au-delà de son aspect « utilitaire », cette dernière soulève en effet de nouvelles interrogations sur notre manière même de faire de la recherche. Parmi eux, la question du récit et de sa construction/déconstruction numérique, abordée et débattue durant ce séminaire, a particulièrement nourri ma réflexion en cours sur la construction d’un récit numérique visuel. Nous nous sommes notamment demandés jusqu'à quel point pouvait être déconstruit le récit historique traditionnel pour être remodelé autrement à travers le numérique. Ce questionnement s’est placé en écho direct avec la réalisation du projet que je tentais de mettre en forme autour d’un fonds visuel historique. 
Cette expérience a orienté ma réflexion vers deux aspects fondamentaux du travail historique : les sources et le lectorat visé. Le premier point, inhérent au travail de tout historien, se rapporte à l’utilisation, l’exploitation et la visualisation de la matière brute (textuelle, visuelle, audiovisuelle, sonore etc.) dont il dispose. Plus que jamais, les possibilités permises par le numérique amènent l’historien à remettre en question les fondements même de son métier, à savoir l’articulation de ses sources autour d’un récit historique, encore majoritairement textuel. Je reste pour ma part encore dubitative sur une disparition totale des mots dans le récit et les quelques tentatives ne donnant à voir que des éléments visuels n’ont à mon avis pas donné de résultats très probants. 
Pour le moment, je pense néanmoins qu’on pourrait concevoir un type de récit à deux entrées : l’un qui corresponde à la narration traditionnelle où le récit, bien que partant du visuel, occupe une place prédominante par rapport au visuel qui viendrait en support pour étayer le propos. L’autre, plus audacieuse et qui demande à mûrir, serait un parcours plus épuré où le lecteur serait plus libre dans un cheminement essentiellement constitué d’éléments visuels. Cela pourrait tout simplement l’amener à se poser des questions qu’il ne formulerait pas forcément s’il se contentait de suivre un chemin balisé et tracé d’avance. 
Je réfléchis à la manière de mettre en place ce double chemin à partir du fonds photographique et filmique que j’étudie. Se pose ensuite la question de l’adéquation entre les outils utilisés (en l’occurrence la plateforme Scalar) et ce que l’on veut construire. Pour contourner cette adaptation parfois difficile, un groupe de travail à l’IAO dont je fais partie tente justement de transposer ces différentes interrogations et attentes au sein d’une plateforme qui mettrait en forme, selon les exigences propres à l’historien, une ou des histoires visuelles alternatives. 
Le deuxième point guidant aussi cette reformulation du récit historique concerne le public escompté ou espéré. Relevant d’une discipline qui par essence est transversale à d’autres, il est évident que l’historien ne doit pas s’adresser uniquement à ses pairs. Le fait de vouloir toucher un large public n’est d’ailleurs pas incompatible avec le maintien d’une rigueur historique, critique et novatrice. On ne peut nier cependant que son lectorat, ou du moins la conception que l’on s’en fait, va aussi orienter l’élaboration et la présentation de notre récit. C’est pourquoi, les expériences d’une histoire purement « visuelle » se passant de tout texte doivent toujours viser la précision et la clarté du propos, ce dont manquent selon moi la plupart des tentatives faites jusqu’à présent dont le résultat est souvent confus et illisible pour un lecteur non initié. 

Ce type de projets reste bien entendu difficile à mettre en place dans la mesure où il touche à l’essence même des pratiques courantes de l’historien et les chamboule. Un essai ne peut certes pas donner un résultat concluant et universel pour toutes les spécialités de notre discipline. C’est par tâtonnements progressifs que la réflexion et la construction concrète de récits historiques alternatifs peuvent voir le jour. Ainsi, l’appropriation des possibilités offertes par le numérique devrait nécessairement être suivie d’une adaptation aux nécessités du chercheur. On peut certes parler des aspects théoriques ou heuristiques liés au numérique mais il me semble que l’enjeu actuel repose plutôt sur une mise en pratique par l’historien lui-même. Au cours de ce séminaire, nous avons précisément mis le doigt sur l’urgence à ce que le chercheur s’investisse davantage au sein de cet espace en passant d’une utilisation et d’une appropriation passives à une adaptation en fonction de ses propres exigences scientifiques. 

Par exemple, en explorant le site Do History, j’ai été séduite et inspirée par son initiative didactique, l’idée étant de mettre le lecteur dans le laboratoire de l’historien en lui donnant des éléments de compréhension nécessaires pour élaborer ses propres interprétations. Considérant un domaine qui m’est familier, celui de la sinologie et plus précisément de l’histoire de la Chine, la solitude du chercheur face à ces documents m’est apparue d’autant plus grande. Il serait tellement appréciable pour les jeunes chercheurs occidentaux de pouvoir bénéficier de l’expérience de leurs aînés pour apprendre à décrypter leurs sources chinoises. Dans cette optique, on pourrait très bien concevoir une plateforme interactive où des documents d’archives de tous types seraient mis en ligne, traduits et expliqués pour donner au lecteur les clés élémentaires d’une analyse historique, littéraire, philosophique etc. On pourrait imaginer un projet cumulatif, envisagé de manière collaborative, impliquant un partage des tâches selon les spécialistes. A terme, cela ne pourrait qu’enrichir la recherche des sinologues par des ajouts et des corrections au fur et à mesure des avancées de chacun. Le numérique aurait ainsi la vertu de réunir de multiples expériences éparses qui seraient autrement restées cloisonnées dans leur compartiment de spécialistes, chacune conservant jalousement son pan de connaissance. 

Pour conclure, je dirais que du haut de ma très courte expérience « numérique », j’ai le sentiment de me situer aujourd’hui dans un stade intermédiaire entre les phases d’appropriation et d’adaptation. J’en perçois les enjeux et les possibilités mais n’ai encore ni le temps ni les ressources nécessaires pour mettre en place un projet historique bâti à partir d’une utilisation et d’une réflexion adaptées à mes thématiques et à mes attentes de recherche. C’est en tout cas une voie que j’aimerais suivre après le doctorat et qui deviendra sans doute incontournable dans nos pratiques actuelles et futures d’historien. La question cruciale n’est finalement pas tant celle du numérique en lui-même mais plutôt celle de la reconnaissance de sa transversalité effective à toutes les disciplines et de l’urgence d’une incorporation appropriée aux nécessités et aux contraintes de chacune d’entre elles.

dimanche 5 janvier 2014

Mission 5 : Analyse critique et discussion d’un site Web historique


Site choisi pour l’analyse : http://historywired.si.edu/index.html

Le site qui a donc attiré mon attention après la visite des sites proposés est History Wired: A Few of Our Favorite Things.

Description générale du site :

C’est un site expérimental de la Smithsonian Institution dans le but d’initier les visiteurs à certains des troismillions d'objets détenus par le Musée national d'histoire américaine : The Behring Center.
Le but est donc de présenter des objets parfois insolites de la collection qui ne peuvent pas tous être exposés dans le musée.
En effet, il y a moins de cinq pour cent de la vaste collection sur l'affichage public dans les salles d'exposition du musée.
Donc ce genre de site est mis en place et développé pour mettre en avant la richesse de la collection du musée en ligne.
De plus dans ce site, on trouve 450 objetssélectionnés par les conservateursà travers le musée. Il comprend des éléments célèbres, insolites ou de tous les jours mais qui ont des histoires intéressantes à raconter. Ils ne sont pas forcément destinés à être représentatifde l'ensemble de la collection du Musée.

La conception et la navigationsur le site ont été fournies par Martin Wattenberg et SmartMoney.com.
History Wired peut donc être assimilé à une visite privée et virtuelleà travers les zones de stockage du musée. Les visiteurs peuvent sélectionner les objetsqui les intéressent et consulter les informations principales sur ces articles.
Pour ce qui est du nom du domaine, il s'agit de .edu .

Aspect de la page d’accueil du site :



Fonctionnement du site et mode de navigation :

Comme on peut le voir, le site est assez complexe.
D’abord chaque objet est représenté par une case (un carré ou un rectangle) et sa taille est proportionnelle au nombre de remarque laissées par les visiteurs.
Comme c’est une carte interactive, lorsque l’on place le curseur sur une case, on a une description générale de l’objet en une ou deux lignes, sa date ainsi qu’une éventuelle photo.

Les objets sont classés selon 11 grandes différentes catégories. Mais on trouve également des sous thèmes que l’on peut librement sélectionner.
Ainsi lorsque l’on passe le curseur sur une case, on voit apparaitre des liens vers les sous thèmes correspondants et les plus pertinents de l’objet. On peut aussi cliquer sur un sous thème et voir les cases correspondantes surlignées en orange.
Possibilité également de faire une recherche chronologique. C’est à dire qu’au fur et à mesure que l’on déplace le curseur du temps sur la frise, les cases se surlignent progressivement en gris selon la date de l’objet.
La chronologie des objets va de 1400 à 2000.
On peut aussi zoomer sur une zone précise de la grille pour voir les cases de plus près.
Il est également possible de rechercher un objet précis en le rentrant dans la rubrique « recherche ».
Cependant, malgré ces fonctionnalités, ce site est resté au stade expérimental et donc comporte un certain nombre de défauts et problèmes.


Analyse critique du site :

D’abord pour accéder au site on rencontre déjà un problème. En effet, le site ne nécessite pas d’inscription quelconque mais comporte une application non signée. Il faut donc accepter une autorisation d’exécution et posséder une version à jour de java pour rentrer sur le site.

D’autre part lorsque l’on double clic sur la case d’un objet ou que l’on clic sur « en savoir plus sur cet objet », la fenêtre de description ne s’ouvre pas automatiquement d’elle même. Il faut donc aller chercher cette description par soi même.

Pour cela il faut passer par la version « Text Only » et ainsi avoir accès à tous les objets classés par catégories mais cette fois en version texte.

Exemple pour la catégorie « vêtement » (clothing)



Ensuite pour ce qui est de la fiche détaillé d’un objet on se rend compte, lors de sa consultation, qu’elle reste assez limitée et brève.
On peut y voir une description de l’objet et de son éventuel possesseur sous la forme d’un petit paragraphe d’une dizaine de ligne. Il y a également la présence de quelques notes complémentaires.
Il a quand même parfois quelques informations complémentaires et plus poussées sur l’objet mais toujours sous forme de textes assez courts et brefs.
On peut aussi consulter et télécharger des documents audio s’il y en a. Enfin on peut évaluer l’objet avec une note entre 0 et 10 pour savoir comment cet objet est perçu par les visiteurs du site et quels types sont les plus appréciés.  

On peut mettre en avant certains objets et différents thèmes.

Le premier exemple dans la catégorie « clothing » (évoquée plus haut) avec la fiche sur la robe inaugurale de Jacqueline Kennedy :




Autre exemple que l’on peut mettre en avant cette fois dans la catégorie « sports » avec la fiche sur la raquette de tennis de Chris Evert.




On peut donc voir dans ces deux exemples les différences qu’il peut exister entre les fiches des objets. On peut avoir un objet très bien détaillé et un autre avec une description vraiment très succincte.

On voit donc bien ici le côté déséquilibré de ce site et bien sur son côté évidemment expérimental.   


Synthèse et conclusion :

Pour conclure sur ce site, on peut dire que ce genre de travail présente quand même des avantages.
Grâce aux ressources virtuelles, il est possible de gérer et générer du contenu sans contraintes de montage ou d’édition.
Mais aussi, on ne fait pas attention à l’échelle et à l’organisation que nécessite ce travail dans le musée.
On peut consulter le site de la manière que l’on veut et autant de fois que l’on veut. Possibilité également de copier un texte ou un article et de l’imprimer mais pas non plus à des fins commerciales.
Des pages qui sont pensées et conçues par des professionnels (directeurs artistique, superviseurs de production, photographes).
De plus, si on recherche ce site avec Google il très facilement trouvable et apparait en premier de façon claire.

L’analyse et la critique faite sur ce site peut donc nous emmener à mettre en avant le point de vue de Kelly Schrum dans son article "Surfing for the Past : How to Separate the Good from the Bad," AHA Perspectives (May 2003).
Elle met en avant l’importance de critiquer les ressources en ligne et d’évaluer des sites Web (historiques).

Exemples de questions à se poser pour réaliser à bien ce travail :

La question de l’auteur ou du créateur de la ressource en ligne (Qui a créé ? Qui héberge ? Quel est le nom du domaine ?)
Quel est le but du site ?
Qui est le public visé ?
Les sources sont-elles bien documentées ?
Y a-t’il une bonne orthographe et grammaire ?
A-t-on accès à des liens vers d’autres sites ?
Quelle est la crédibilité du site ?

Un travail qui est on ne peut plus utile et essentiel (comme celui que nous venons de faire) dans le but de savoir comment appréhender, consulté et utilisé un site Web.

Quelques impressions sur les sites "The History Channel" et "Do History"

Dans le cadre des critiques formulées tout au long des lectures de cette séance, le site History.com mis en place par un groupe de chaînes de télévision semble cristalliser à lui seul le risque d'une forme d' "histoire commerciale" dont le contenu non sourcé se trouve noyé dans une page saturée par les bandeaux publicitaires et les liens vers d'autres émissions ou d'autres sites. L'ambition n'est certes pas de présenter une "histoire académique" mais plutôt de montrer une histoire populaire avec des rubriques extrêmement variées et des thématiques assez générales visant à attirer un "grand public" avec des questions du type "que s'est-il passé tel jour", "que s'est-il passé le jour de votre anniversaire", "qui a fait quoi", "pourquoi tel événement". Les articles sont toujours très courts et ne font que répondre à une question précise, sans référence et sans approfondissement particulier. Impossible de savoir le nom des auteurs. Un encadré informe simplement le lecteur que les faits évoqués sont censés être fiables mais si celui-ci constate des erreurs, il a la possibilité de contacter le site pour proposer ses propres corrections. Il s'agit donc d'une  écriture de l'histoire collaborative un peu à la manière de Wikipédia mais avec encore moins de rigueur puisqu'on n'exige pas de sources ni de références bibliographiques. Ce site laisse donc le sentiment de naviguer dans une histoire assez commerciale voire "racoleuse" qui peut être distrayante ou divertissante mais pas forcément fiable du fait de son absence totale de rigueur méthodologique.

A l'opposé, le site Do History semble répondre en quelques sortes aux aspirations exprimées par certains chercheurs dans les lectures de la séance, en particulier l'idée d'une formation concrète aux pratiques et aux méthodes de l'historien. Ici, on fournit aux lecteurs un certain nombre de sources primaires à partir desquelles il doit élaborer ses propres hypothèses à travers un cas d'étude précis. Le cheminement est bâti autour d'un parcours didactique où le lecteur n'est pas totalement libre mais est guidé au fur et à mesure des étapes d'analyse et de réflexion. On a l'impression de suivre une véritable initiation au métier d'historien de manière ludique et interactive. 

Le point que j'ai particulièrement apprécié se trouve dans la rubrique "On your own", "History toolkit" où des conseils précis sont donnés sur la manière de mener un travail de recherche, d'exploiter et de lire des sources primaires. Cet aspect m'a paru faire écho à la très juste réflexion formulée par Claire Lemercier : "Pour moi, le véritable intérêt des outils informatiques, c’est finalement qu’ils nous amènent à parler des méthodes, des pratiques propres à notre métier, comme la lecture et la prise de note sur une source, dont il était trop souvent admis, lorsque j’ai débuté, qu’on ne pouvait l’apprendre que sur le tas, en faisant mais sans jamais en discuter collectivement." (“Ce que le numérique fait à l’historien”. Entretien avec Claire Lemercier, par Elisa Grandi et Émilien Ruiz, Diacronie. Studie di storia contemporanea, 10, 2, 2012.). Il s'agit pour moi d'une véritable lacune dans l'enseignement de l'histoire. Les fondements de notre travail, c'est-à-dire le dépouillement, la lecture et l'analyse de nos sources restent malheureusement trop souvent considérés comme allant de soi et ne nécessitant pas un apprentissage à part entière. Or, lorsque l'on travaille avec certaines sources, par exemple des écrits du XVIIIe siècle comme sur le site ou des archives étrangères comme pour mes propres recherches, on aurait bien besoin d'être initié aux codes et aux pratiques d'écriture de l'époque et du contexte étudiés pour pouvoir bénéficier de l'expérience des chercheurs qui se sont déjà penchés sur des matériaux similaires.

L'initiative du site en ce sens apparaît donc tout à fait pertinente et on aimerait que d'autres démarches du même type puissent être entreprises et élargies à l'exploitation d'autres cas d'étude et sources primaires.